Oui sans aucun doute. J’observe que ceux qui n’étaient pas encore convaincus ont maintenant toutes les raisons de l’être. Dans ce sens, oui on peut se réjouir que cette évolution soit une des conséquences du bulletin d’hier. Maintenant le scrutin d’hier démontre également que tous les leaders de droite n’ont pas compris la nécessité de ce rassemblement. Non pas pour se rassembler, car se rassembler pour se rassembler n’est pas un projet politique ; en revanche élaborer ensemble un projet dans lequel les valeurs traditionnelles ont toutes leurs places. Là ça a du sens. Et si effectivement je suis à peu près convaincu que le résultat d’hier va convaincre à son tour tous les acteurs que l’union la plus large est possible, je ne suis pas certain que tous les acteurs souhaitent que toutes les droites soient présentes dans cette union. L’avenir nous le dira.
Le PCD n’a pas présenté de liste. Quel rôle compte-t’il jouer dans la recomposition de la droite ?
Le bloc des électeurs de droite atteint à peine les 35%, est-ce inquiétant ?
Les Amoureux de la France n’ont finalement même pas atteint les 5%. Pensez-vous qu’avec le PCD cette liste aurait pu faire mieux ?
Oui je l’ai pensé tout du long. Après les résultats de dimanche, j’ai continué à le penser car je crois que c’est exactement l’attente d’une grande partie de nos sympathisants. J’observe que, quand les AMD étaient en campagne, les salles étaient pleines ; pour DLF, les salles se sont vidées ; quand les AMD étaient en pleine dynamique, les sondages étaient à 8% ; avec DLF, le résultat est à 3,8%. Par conséquent, personne ne peut vraiment y arriver seul. Malheureusement, NDA a fait le choix qu’il a fait avec les conséquences que chacun peut voir.
L’électorat catholique a beaucoup voté pour la liste “Renaissance” (LREM), comment récupérer les électeurs catholiques ?
Il faut comprendre leurs motivations. Parmi elles, il y a celles des catholiques français, eux qui ont œuvré de façon très énergique à la construction de l’Europe, qui ont souvent du mal avec le discours qui met en cause la construction de l’Union Européenne. C’est un premier motif.Deuxièmement il faut demander aux catholiques d’ouvrir les yeux et de regarder le projet politique d’Emmanuel Macron qui est absolument l’inverse du projet social que l’Église invite ses fidèles à porter, je veux dire par là que quand on s’apprête à légiférer sur la PMA pour tous, sur la GPA et pourquoi pas sur l’euthanasie, quand on s’attaque à la doctrine sociale de l’Église, quand on rabote le pouvoir d’achat des familles contre là encore la conception chrétienne de l’organisation sociale, qui repose d’abord sur la structure familiale, je considère qu’il y a un éloignement entre le projet politique et l’action politique du président de la République et la pensée sociale chrétienne. De deux choses l’une : soit les 37% de catholiques qui ont voté Emmanuel Macron considèrent que la pensée sociale chrétienne est une option parmi d’autres et s’en affranchissent comme ils veulent (mais ce n’est pas pour moi l’attitude qu’ils devraient adopter), soit ils font des arbitrages qui consistent à dire que dans le contexte politique dans lequel ils se trouvent, à tout prendre il vaut mieux voter pour EM. Je pense et j’espère que majoritairement nous sommes dans la deuxième hypothèse, et que la présentation à ces fidèles catholiques français qui ont choisi le projet de Nathalie Loiseau comme un projet plus équilibré que celui du RN et moins ambigu que celui des Républicains, les fera changer d’avis dans les échéances qui viennent.
Les jeunes ont beaucoup voté EELV. La droite doit-elle s’emparer de la question écologique ?
Dans une large mesure elle l‘a fait. La droite n’est pas simplement les gens qu’on voit sur les plateaux de télévision. Ce sont les élus locaux qui, tous les jours, défendent leur territoire, essayent de limiter les gaz à effet de serre, protègent les espaces forestiers, protègent les cours d’eau, mettent en place le tri sélectif et bien d’autres choses. Tous les élus ont fait cela, et ceux de droite considèrent que c’est normal, ils n’en font pas un fer de lance politique. Si tous les élus de France et de Navarre mettaient en avant ce qu’ils ont fait pour l’environnement, je pense qu’on serait dans une autre situation. Il va falloir apprendre à communiquer davantage sur ce sujet. Malgré tout, il y a dans la jeune génération une aspiration à ce que la nature soit respectée.L’écologie est déjà une structuration politique qui porte une vision des rapports entre la nature et l’Homme. Je ne suis pas écologiste, je suis pour le respect de la nature ; c’est assez différent, même si par ailleurs je peux rejoindre certaines convictions des écologistes. Je crois que le respect de la nature doit devenir le socle de tous les programme politiques. Mais cela commence par le respect de la nature humaine et donc de la vie humaine. Je fais partie de ces « écologistes » qui considèrent que si on n’a pas le droit de couper un arbre, on n’a pas le droit de mettre fin à la vie de quelqu’un. C’est la première écologie, celle du respect de tous les êtres vivants, humains compris. Deuxièmement, il y a au-delà de cette aspiration des jeunes à la protection de la nature, un rapport différent à a consommation des ressources. Il y a dans la génération qui vient une attention particulière portée à la contention comme une vertu, en ce qui concerne la consommation des ressources naturelles par exemple. Nous devons y être attentif et permettre aux jeunes d’y répondre. Je crois que cela explique en partie le vote massif des jeunes pour l’écologie.
Propos recueillis par Paul Guerry et Stanislas Rigault