Alors que l’on vient d’apprendre la mort au combat du médecin-capitaine Marc Laycuras, tué ce 2 avril 2019 au Mali après que le véhicule où il se trouvait a été la cible d’une attaque commise au moyen d’un engin explosif improvisé, Jean-Frédéric Poisson revient sur le lien entre Emmanuel Macron et les armées.
Un médecin militaire déployé au Mali au titre de l’opération Barkhane est mort hier à la suite d’une attaque commise au moyen d’un engin explosif improvisé (IED) qui a également blessé un autre militaire. Si le sacrifice suprême fait partie de la vocation du soldat, ceux-ci ont cependant le droit d’être considérés par le pouvoir politique à la mesure de leur engagement.
Devant un tel acte de bravoure, je ne peux que pointer du doigt le rapport qu’entretient Emmanuel Macron avec les armées, entaché de la volonté du Président de se jouer de sa fonction. Là, comme ailleurs, il surjoue ou, à l’inverse, il casse les conventions.
Cherchant en vain à se construire une quelconque autorité que son élection minimaliste ne lui a pas conférée, le président Macron ne peut que s’arcbouter sur la communication et les postures, utilisant le pouvoir que lui accorde la constitution, avec cette dérive logique que le pouvoir sans autorité incline à la brutalité.
Cette séquence en deux actes est révélatrice du syndrome de « toute puissance » qui frappe Emmanuel Macron. La suite de son mandat n’a fait que confirmer l’instrumentalisation de son rôle de chef des armées, utilisant la sphère militaire comme un moyen à sa disposition renforçant l’image de son pouvoir.
La récente sanction subie par le Colonel Legrier, auteur d’un article publié dans la Revue Défense nationale en février dernier, relève d’une certaine façon de cette même addiction au pouvoir qui gangrène la Macronie et autorise toute parole à condition qu’elle soit identique à celle du Président. Cette affaire ne peut que susciter l’étonnement à plusieurs titres. D’abord, elle se déroule alors que les militaires sont encouragés par l’actuel chef d’état-major des armées à prendre la plume et faire publier leurs retours d’expérience. « Il faut écrire, explique le général Lecointre dans Le Figaro du 18 janvier 2018. Faire l’impasse sur l’écriture n’est pas admissible chez ceux qui se disposent à être des chefs militaires ».